Nos félins ont toute une palette d’expressions pour nous communiquer leurs sentiments et leurs besoins. Nous avons traduit ici les principaux signaux de leur langage.
Le langage des chats
Les chats communiquent entre eux et avec les humains par leur voix. Contrairement aux félins sauvages, les chats domestiques conservent toute leur vie durant le langage de bébé qu’ils utilisent pour communiquer avec leur mère.
Plus tard, ils compléteront et élargiront ce répertoire avec des expressions vocales d’adulte. Ce sont ces sons que le comportementaliste Desmond Morris a résumé et a interprété dans son livre «Cat Watching».
Le miaulement de base est une demande d’attention
Le fameux miaulement, son le plus fréquent, est quelque chose d’inné. Il trouve son origine dans la dépendance des chatons à leur mère. Les petits lui font savoir ainsi qu’ils ont besoin de son aide, qu’ils ont faim, froid ou ne se sentent pas bien.
Les félins domestiques, contrairement aux chats sauvages, l’utilisent encore passé l’adolescence pour communiquer avec les humains. Mieux, ils l’affinent et le font varier en fonction de la situation: ils peuvent vouloir obtenir quelque chose, exprimer une attente, se plaindre,…
A noter que le son diffère non seulement entre les races, mais aussi entre les individus. Si vous vivez assez longtemps avec eux, vous pourriez arriver à comprendre les 50 nuances de «miaou» propres à vos félins.
Le gazouillement est utilisé pour saluer
La maman chat émet un léger gazouillement lorsqu’elle revient au nid avec ses petits. C’est sa façon de saluer. Avec le même son, qui peut aussi être amplifié en trille croissant, elle invite aussi sa progéniture à la suivre.
Les chats domestiques adultes saluent aussi leur maître de cette manière lorsqu’ils reviennent de l’extérieur. La plupart du temps, c’est pour s’approcher immédiatement de l’endroit où ils mangent et les inviter à les suivre. Ils imitent ainsi le comportement de leur mère et agissent avec l’homme comme s’ils étaient des chatons.
Le ronronnement: «Je ne te ferai pas de mal!»
Le ronronnement signifie littéralement «Je suis d’humeur paisible.» Il vient du post-partum. Les petits qui sont allongés près de leur mère pour téter lui signalent par ce son que tout va bien pour eux. La mère leur assure la même chose en ronronnant en retour.
Plus tard, les jeunes chats commenceront souvent à ronronner lorsqu’ils s’approchent des chats adultes pour jouer avec eux. Ils leur font ainsi savoir qu’ils viennent dans une intention pacifique et acceptent leur position sociale subordonnée. Et le chat âgé agit de même lorsqu’il signale en ronronnant à un jeune que celui-ci n’a rien à craindre de ce contact.
Cette mélodie a donc pour but de rassurer ou d’apaiser. Mais il ne signifie pas toujours que le chat se sent bien, car même les chats malades ou faibles ronronnent pour prévenir une attaque. Dans un environnement étranger, par exemple chez le vétérinaire, les félins malades se mettent parfois à ronronner.
«Fiche le camp, sinon cela va mal se passer!»
Dans les situations où le chat se sent acculé et ne peut pas s’enfuir, il émet un hurlement guttural aigu qui doit être compris comme une menace. Il peut aussi souffler, voire cracher.
Ces sons ne vont pas complètement dissuader un adversaire plus fort. Mais ils font quand même souvent leur effet. Ils viennent de très loin: ils reposent sur une expérience ancestrale selon laquelle les mammifères ont très peur des serpents venimeux. Le chat imite ainsi les sons et les comportements de l’un de ces reptiles en mode «attaque». Grâce à ce mimétisme, il pourrait activer chez son adversaire la peur profondément ancrée de la morsure mortelle et le faire fuir.
Les cris prolongés
Les hurlements et cris prolongés des chats, qui montent et descendent sur une octave, sont généralement considérés comme l’expression de leur désir sexuel, car ils sont bien plus fréquents à la saison des amours. Mais il n’en est rien.
C’est en réalité parce que, en cette période, plusieurs mâles se retrouvent dans un espace restreint. Et expriment leurs sentiments hostiles les uns envers les autres: ils ont quitté leur territoire sécurisé et doivent s’imposer en criant et en se battant contre leurs concurrents pour les chasser. Les femelles qui se disputent sérieusement peuvent pousser des cris tout aussi forts et impressionnants.
Le frottement: un rituel d’accueil
Ceux qui vivent avec des chats connaissent leur rituel d’accueil. L’animal cherche le contact physique, caresse les jambes de l’homme et y frotte sa tête et ses flancs. Souvent, il enroule aussi sa queue autour des mollets. Ensuite, il s’assoit et se lèche le pelage.
Ce que nous considérons comme des gestes de tendresse a des causes biologiques. Pour le chat, il s’agit d’un échange d’odeurs. Il met en contact ses glandes olfactives situées sur les tempes, dans la bouche et l’anus avec le corps de la personne qu’il salue. Il lui transmet ainsi son odeur et absorbe la sienne.
Ce rituel permet d’exprimer l’appartenance à la «famille» et de la renouveler sans cesse. Le toilettage après les salutations ne sert donc pas à se nettoyer, mais à absorber l’odeur de la famille. Comme la salutation amicale habituelle chez les chats, à savoir le frottement de la tête, n’est pas possible au contact de l’homme en raison de sa taille, les chats se dressent volontiers sur leurs pattes arrière dans cette situation, certains font même un saut.
La position des oreilles
Contrairement aux humains, les chats peuvent exprimer des émotions par la position de leurs oreilles. Chez un chat détendu, les ouvertures des oreilles sont orientées vers l’avant et légèrement vers l’extérieur. Si la vigilance est de mise, les ouvertures sont directement dirigées vers l’avant.
En cas d’énervement, les oreilles du félin tressaillent: c’est sa position défensive. Les oreilles sont alors fermement «collées» vers l’arrière, contre sa tête, pour les protéger des blessures.
Si votre chat les met en avant, c’est un signal d’alarme. Il exprime ainsi une humeur hostile et agressive. Un geste de menace très bien compris par ses congénères.
Le langage oculaire du chat
Les pupilles du chat se rétrécissent en cas de luminosité et se dilatent dans l’obscurité. Ce dernier phénomène lui permet de chasser avec succès quand la lumière résiduelle est faible. Mais même en plein jour, ses pupilles peuvent se dilater considérablement et soudainement. Ce phénomène traduit une grande excitation. Positive, par exemple à la vue de sa nourriture, mais aussi négative, lorsqu’un adversaire s’approche.
De plus, si le chat a les paupières à moitié fermées, c’est le signe qu’il est détendu. Tout comme si elles sont complètement closes lorsqu’il est éveillé. Cette attitude est la même que lors d’un combat. Un félin qui a été vaincu tourne le dos et ferme les yeux. Pour les protéger des blessures, mais aussi pour occulter le danger et réduire la tension.
A savoir qu’être dévisagé est très désagréable pour les chats: cette action signale une agression prochaine. Il est donc préférable de ne pas les fixer.
La queue exprime l’humeur
L’humeur du chat se lit très clairement dans la position de sa queue. Celle qui est relevée traduit une humeur joyeuse, tandis qu’une queue abaissée entre les pattes arrière signale la soumission. Un chat qui a peur la gonflera, et un chat agressif la fouettera violemment dans tous les sens.
Lorsque deux désirs sont contradictoires (aller dehors et ne pas se mouiller, par exemple), sa queue remuera d’un côté à l’autre, montrant cette indécision.
Actions de substitution pour évacuer la tension
Pour conclure, expliquons la signification de deux comportements typiques. Lorsqu’il se passe quelque chose qui irrite ou étonne le chat, il fait un bref mouvement de léchage avec sa langue. C’est un geste d’embarras, comparable à notre grattage de la tête. Sur le moment, il ne sait pas ce qu’il doit faire. Alors, il se lèche rapidement la bouche.
Enfin, le claquement de dents est lié à la capture d’une proie. Il s’agit d’une action à vide. Si votre chat voit une proie qu’il ne peut pas atteindre (un oiseau devant la fenêtre, par exemple), il exécute la morsure de mise à mort et la répète de manière stéréotypée, bien qu’il n’ait pas d’animal entre les dents. Ce qui contribue à évacuer sa tension.
Ruth Lisa Knapp