A un certain moment dans notre histoire, lorsque l’agriculture fut inventée, les chats ont commencé à apparaître dans nos vies. C’est probablement les souris et les rats qui ont attiré des chats sauvages. Les rongeurs étaient là pour les graines, involontairement mises à disposition par l’agriculture humaine. Ainsi les chats et les humains commencèrent leurs longues coexistences qui durera des millénaires.
Evidemment, cette relation nous fut bénéfique, car les chats ont attrapé les ravageurs qui transportent des maladies et qui volent nos aliments, tout en nous permettant de profiter de leur ronronnement. Mais cette relation a été tout aussi bénéfique pour les chats en tant qu’espèce. De leur territoire d’origine au Moyen-Orient, les premiers chats apprivoisés ont suivi les êtres humains sur les navires et les expéditions pour s’emparer du monde en s’installant sur six continents, avec même des virées occasionnelles en Antarctique et dans l’espace, souvenez-vous de Fellicette :
Une nouvelle et minutieuse étude de l’ADN provenant d’anciens squelettes de chat et de momies de 9 000 ans retrace la propagation des chats du Moyen-Orient jusqu’au reste du monde.
Toute l’étude, de la conception à la publication, a pris environ 10 ans, notamment en raison du travail qu’il a fallu pour trouver des restes d’antiques chats et comme le précise Eva-Maria Geigl, une paleogénéticienne à l’Institut Jacques Monod qui a participé à l’étude :
Les restes de chats sont rares.
Nous ne mangeons pas les chats, de sorte que leurs os ne se retrouvent pas dans d’antiques tas de déchets comme ce peut être le cas pour les poules et autres volailles. Geigl et ses collègues, en particulier Wim Van Neer, ont écrit à des musées et des collections pour leur demander des échantillons de restes de chat trouvés lors de fouilles archéologiques. L’équipe a finalement obtenu des os, des dents ou des poils de 352 anciens chats, comprenant les momies de chat égyptien du British Museum (ci-contre).
Tous les restes ne contenaient pas forcément d’ADN exploitable. L’environnement du Moyen-Orient est chaud. Dans les tombeaux égyptiens, d’où provenaient les momies des chats, il y faisait également humide, ce qui est un véritable désastre pour la conservation de l’ADN, sans compter que le fait de l’extraire peut également l’endommager. Ainsi, pour protéger l’ADN de la chaleur dégagée lorsque les os et les dents sont broyés, la procédure s’est faite dans un bain d’azote liquide. Ainsi, l’équipe a pu obtenir l’ADN de 209 des chats.
Ce grand nombre d’échantillons a dépeint une image assez détaillée de la façon dont les chats ont suivi les humains sur les routes commerciales. Les chats domestiques modernes semblent émerger de deux endroits. Tout d’abord, d’Anatolie, qui correspond approximativement à la Turquie moderne. Ces chats se sont répandus en Europe dès 4 400 AV J.C. Une deuxième lignée domestique semble avoir commencé en Égypte, puis s’est répandue dans la Méditerranée. Et partout où les chats ont suivi les humains, ils se sont également croisés avec les chats sauvages indigènes déjà présents. Cet échange d’ADN a également été effectué dans les deux sens le long des routes commerciales. Cela a conduit à des résultats déconcertants dans les résultats de l’analyse de l’ADN an. Par exemple, un chat de 2 000 ans en Égypte présentait des séquences d’ADN typiques des animaux sauvages en Inde. Les chercheurs ont d’abord pensé à une erreur. En fait, ce chat a été trouvé dans une ancienne ville portuaire romaine appelée Berenike (Béréniké), qui était directement reliée aux routes commerciales de l’océan Indien. Les humains ont amené des chats sur des navires pour attraper des souris et, dans le processus, les ont répandus partout dans le monde.
Par rapport à de nombreux autres animaux, les chats ont également très peu changé dans le processus de domestication. Au niveau de leur comportement, ils sont devenus plus tolérants pour les humains. Physiquement, cependant, ils ont toujours eu la même taille et la même forme. Ils aiment toujours autant chasser. En d’autres termes, contrairement aux chiens qui mangeaient des moutons ou chassaient des blaireaux, les chats n’avaient pas besoin des êtres humains pour devenir de bons chasseurs de souris.
Mais les chats sauvages et ceux de compagnie ont une petite différence qui semble évidente aux humains : le pelage des chats domestiques présente une plus grande variété de couleurs et de motifs. A partir de l’analyse de l’ADN, Geigl et ses collègues ont déterminé que le modèle de robe tabby (chats tigrés) des chats a d’abord émergé au moyen âge par le biais d’une seule mutation de lettre dans le gène Taqpep.
Dans Image d’entête, à partir de l’étude : L’image montre un “chat sous une chaise” avec un pelage tabby en “maquereau” typique des femelles de l’espèce silvestris lybica. Ce dessin est une copie de la peinture murale du tombeau de Nakht, à Thèbes (Ashmolean muséum, Oxford, Royaume-Uni).
Ce fut le seul gène concernant le pelage sur lequel Geigl et ses collègues ont enquêté. Leur analyse portait essentiellement sur l’ADN dans une partie de la cellule appelée mitochondrie, plus abondant que dans les chromosomes, mais ne représentant qu’une fraction des gènes.
Pour conclure, selon les chercheurs :
Les chats ont déjà “conquis” les régions les plus éloignées du monde (ils sont naturellement sur tous les continents sauf l’Antarctique). Écologiquement parlant, cela comporte un prix : les chats sont des animaux de compagnie mignons, mais ils sont également une espèce hautement invasive avec un impact sur les espèces originaires des régions où les chats ont été introduits par les humains (en particulier les States et l’Australie).
A consulter : “Parmi les prédateurs envahissants, le chat représente la plus grosse menace pour la biodiversité”.
Ils ont définitivement conquis la conscience collective des êtres humains.
…ce qui leur permet de conserver une place stable chez nous et sur Internet.
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